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Anaïs Nin, qui, tout au long de sa vie, a tenu des journaux intimes, se voit ressuscitée par la jeune romancière et poétesse cubaine Wendy Guerra, auteure de Tout le monde s’en va et de Mère Cuba. Des textes au ton très libre, impudiques, parfois libertins. Prenant appui sur le maigre récit cubain de l’écrivaine franco-américaine, elle invente les épisodes manquants.
C’est la quête du père qui constitue la trame de Poser nue à La Havane.Le père biologique, mais surtout symbolique : un Cubain, mort le 24 octobre 1949, pianiste et compositeur de talent. Depuis qu’il l’a abandonnée jeune, il la hante — « Cuba, c’est père », « la blessure la plus profonde : père » — et en même temps il anime sa grande« traversée avec [elle]-même ». La recherche de cet absent majeur, l’inceste supposé, structurent le livre : une relation amoureuse avec le « roi soleil » qui va, selon Guerra, « conduire à l’écriture définitive de l’œuvre complète d’Anaïs Nin, de ses journaux, de la littérature de sa vie ».
C’est en 1922, à 19 ans, que Nin se rend pour la première fois sur l’île, rejoindre sa tante Antolina. Un voyage initiatique, selon Guerra, aussi fascinant que la lumière locale, si particulière. Elle va alors se« régénérer », éveiller ses sens, perdre sa virginité dans les bras de Julián, rencontrer les artistes et protagonistes de l’époque, tandis qu’éclate un scandale : l’achat frauduleux, par le gouvernement corrompu d’Alfredo Zayas y Alfonso, du couvent de Santa Clara. La « protestation des Treize », en mars 1923, lancée par l’écrivain Rubén Martínez Villena (communiste à partir de 1927), marquera le début de l’engagement des intellectuels dans les luttes révolutionnaires cubaines.
Le fiancé de Nin, Hugo, un jeune Américain qui vit en France, la rejoint à Cuba, où ils se marient le 3 mars 1923. Mais la jeune femme constate très vite que « rien ne se passera avec cet homme. La vie vient de s’arrêter ». Guerra consacre des pages crues à la reconstitution de l’hymen de la jeune Anaïs : un « ritue