Quand commence De vrais mensonges, Emilie (Audrey Tautou) est comme nous : elle croit tout savoir de Jean (Sami Bouajila), l'homme à tout faire de son salon de coiffure. Pas un circuit électrique qu'il ne sache réparer, pas un carreau qu'il ne puisse remplacer. Quel brave homme tout de même, et toujours souriant, avec ça ! Et puis un jour - à la grande surprise de sa jeune patronne -, il apparaît que Jean parle chinois. Et aussi coréen, japonais, italien, anglais, espagnol... et on en passe. Jean est, en fait, un intellectuel surdiplômé. Le gag fonctionne à merveille, et pas seulement grâce au sens du timing comique de Pierre Salvadori, mais parce que Jean a les traits de Sami Bouajila : "Prendre un acteur maghrébin pour ce rôle d'intello amoureux était bien sûr une démarche délibérée, une façon d'affirmer quelque chose de politique par défaut, sans le revendiquer", explique le réalisateur.
Et ça tombe bien : car s'il est un acteur qui aime jouer avec les idées préconçues du public, c'est
bien lui, Sami Bouajila. Ce Grenoblois - qui vit en pleine nature, à l'ombre du massif de Belledonne - a refusé que Salvadori change le prénom du personnage : "Il s'appelait Jean dans le
scénario, il s'appelle Jean dans le film, et c'est très bien comme ça. On allait quand même pas lui inventer un prénom qui signale de quel pays du Maghreb venaient ses parents. On a
tellement ramé pour en arriver là !"
Faire bouger les
choses
Là, c'est-à-dire au stade où le public l'accepte sans sourciller en amoureux transi destiné à faire le bonheur d'Audrey Tautou, comme en bisexuel à l'heure du sida chez Téchiné (Les témoins, 2007) ou en caporal de la Seconde Guerre mondiale qui