« Je peux dévorer ta saucisse jusqu’au bout, Gilles? » Rien à dire, elle sait parler aux hommes faibles, la blogueuse qui garde les yeux ouverts pendant le radada. J’avais vu juste en plaçant la petite Ioudgine à ma droite immédiate, au cours de cette blog party, la première du nom.
Le choix du restaurant avait pourtant posé problème. « Collège difficile », encore traumatisée par la découverte récente d’une paire de ciseaux dans le cartable d’un sixième d’adaptation, voulait absolument manger chinois, les baguettes en lieu et place des couverts habituels semblant la rassurer par leur aspect peu invasif. Je lui proposai de tenir sa mimine le temps du repas, ce qu’elle accepta de manière timide.
Marcel Ramirez avait fait son petit effet, en se pointant nu comme un ver, pour selon lui « rendre hommage au mec sur la pochette de Dog Man Starde Suede. » On allait bien rigoler, pour sûr.
Quant à Karim Miské, il se contentait d’observer notre tablée du coin de l’oeil, le regard perdu, songeant sans doute à ce manque de repères normés qui nous pousse à confronter ce jour nos vies virtuelles au fracas des illusions quadragénaires. Peut-être avait-il juste faim…
Ioudgine démarra fort : « Tu sais Gilles, un homme qui parle trop fort masque souvent une virilité défaillante. » Elle enchaina sur cette persistante odeur de tabac froid et de vieux cuir mêlés qui émane de mon être, ainsi que sur ma propension à séduire des femmes d’extrême gauche, retournées par cette promesse de force brute, coercitive et antinomique. Il n’y a pas à dire, elle s’y connaissait bien en mâles, la chroniqueuse qui aime les zgegs de ses voisins d’immeuble.
Marcel Ramirez, pour mettre un peu d’ambiance, glissa à « Collège Difficile » que même sans son