
Le premier tome de L'homme qui n’aimait pas les armes à feu paraît dix ans après le début des aventures de Little Big Joe. Le western vous manquait-il ?
Oui et non. Dans les deux cas, ce qui m’intéressait surtout, c’était de me moquer du western. J’aime bien ce genre pour son côté caricatural, le western au premier degré m’apparaissant aujourd’hui difficilement défendable. Il offre au scénariste un très bon terrain de jeu. Ça m’amusait d’y revenir.
C’est une histoire au ton résolument décalé dans laquelle on rencontre des américains, des mexicains, un anglais, une franco-russe et même un danois… Vouliez-vous créer un nouveau genre, celui du western cosmopolite ?
Je voulais surtout coller à la vérité. Les Américains ont utilisé le western pour se construire une mythologie fondatrice. Mais souvent, dans la façon dont ils l’ont traité, ils ont évacué, pour des raisons évidentes de nationalisme, le fait que tous les gens qui ont fait l’Ouest étaient des immigrés, les seuls autochtones aux États-Unis étant les Amérindiens. Il s’avère qu’à cette période, les États-Unis se construisent encore avec une forte immigration européenne, indienne, chinoise, et bien sûr mexicaine. Je suis tout simplement conforme aux statistiques de l’époque, fin du 19ème, début du 20ème siècle.

Effectivement, les armes à feu ne sont pas encore au centre du sujet. Ce récit est complètement déconstruit. J’ai d’abord fait un premier tome dans lequel on rentre dans l’histoire par l’intermédiaire de plusieurs personnages en invitant à comprendre ce qui est en train de se tramer. À ce stade, on peut se demander pourquoi la série s’appelle L’homme qui n’aimait pas les armes à feu. Tout ça va se clarifier avec le temps. Quant à Byron, il n’aime pas trop les armes à feu mais comme il le dit lui-même, il faut bien qu’il s’adapte à son environnement. Dans l’Ouest américain de la fin du 19ème siècle, même en étant avocat, il