Alors que les jeunes lesbiennes, gays et bisexuel-le-s font régulièrement l’objet d’études dans les pays anglo-saxons – la dernière en date, menée par le Center for Disease Control and Prevention, révèle que ces jeunes sont davantage susceptibles d’avoir des comportements à risque que les hétéros (lire Etats-Unis: Inquiétude autour des comportements à risque des jeunes homos et bi) – les chercheurs français ne se bousculent pas pour travailler sur ces questions. Explications.
DISCOURS AMBIGUS
« En
France, la sociologie a longtemps mis de côté ces cas d’études, contrairement aux études canadiennes et américaines, qui démontrent l’intérêt porté par les nations outre-Atlantique sur ce
sujet », explique Frédéric Gal, directeur du Refuge, association qui recueille de jeunes LGB exclus du domicile familial. Et de citer les études de Bell et Weinberg, des
chercheurs américains qui, dès 1978, travaillent sur le risque suicidaire chez les jeunes homos américains. D’autres études ont suivi, notamment celles de Christopher Bagley et Pierre
Tremblay en 1997, puis de Gary Remafedi en 1998, et enfin en 2000, des Canadiens Bill Ryan et Jean-Yves Frappier. En France, il faut attendre les années 2000 pour qu’une enquête de cette
ampleur soit menée. En 2005, le quotidien Libération révèle les résultats d’une étude française, conduite sur le territoire entre 1998
et 2003, qui montre que les jeunes homos et bi ont 13 fois plus de chance de se suicider que les hétéros. Olivier Orain, chercheur au CNRS et en charge du groupe de travail
adolescence et homophobie à Sos-Homophobie, rappelle que les réticences à travailler sur de tels sujets étaient encore très fortes il y a quelques années. « Jusqu’à la fin des années 1990,
faire de la recherche sur l’homosexualité apparaissait périlleux en termes de carrière. Ce n’était pas considéré comme un sujet légitime mais plutôt comme une thématique ‘osée’, ou anecdotique,
mineure en définitive. »
« On ne peut pas dire qu’il n’y ait pas d’études sur l’homosexualité et les jeunes en France », tempère toutefois le chercheur. « En revanche, le discours ordinaire et dominant sur l’adolescent est très ambigu. Contrairement aux pays