Vingt-deux ans plus tard à Colorado Springs, marié à Gayle(!), cinq enfants, Ted Haggard est à la tête d'une mégaparoisse qui a coûté $50 millions et compte 10'000 membres. Il préside The National Association of Evangelicals qui représente 30 millions d'Américains. Il est en contact régulier avec la Maison Blanche ("Le seul désaccord entre George W. et moi porte sur le choix d'un pickup; lui est Ford, moi Chevrolet"). Il soutient aussi la campagne des Républicains pour inscrire l'interdiction du mariage gay dans la constitution du Colorado. On est en 2006 et Mike Jones -- le masseur auquel le pasteur rend visite depuis trois ans pour se faire masturber ($200 cash, plus pourboire) et s'approvisionner en amphéts -- découvre que son client "Art" est en réalité le prédicateur qui mène campagne contre les homos. Conflit: son métier est fondé sur la discrétion, mais Mike est aussi un militant gay. Il dénonce l'hypocrisie de Ted Haggard dans les médias et bousille en même temps sa propre carrière.
Ted Haggard nie en bloc. Puis admet par bribes. Et se fait jeter de la paroisse qu'il a fondée. Tout cela dans la honte des confessions publiques dont l'Amérique a le secret -- Bill Clinton n'y a pas échappé; pour quelques